(Je me rends compte que cela fait 1 an que je n’ai rien publié mais entre temps, le blog a changé de serveur et l’année fut chargée)
Lorsque j’utilise un ordinateur, j’ai besoin de pouvoir me sentir maître de mon système d’exploitation. Je me souviens que depuis ma petite enfance, bidouiller un système d’exploitation a toujours été quelque chose qui m’amuse.
Vers la fin des années 90 et jusqu’au début des années 2000, j’ai décidé de me plonger dans Linux. J’ai fait mes premiers pas douloureux sur une Debian Sarge et je m’étais même monté une passerelle sur un vieux PC inutilisé. J’étais fier d’avoir pu installer et configurer tout cela seul, comme un grand, en apprendant quelques lignes de commandes.
De DOS à Windows en passant par Mac OS et Debian
Depuis 2011, j’ai utilisé les différentes versions de Windows (en zappant Vista) mais les récentes mises à jour de Windows 10 ont de plus en plus remis en question mon rapport avec cet OS.
Pourquoi j’ai décidé de quitter Windows ?
Les raisons sont très simples :
- La réinitialisation des paramètres lors de chaque mise à jour (des options qui se réactivent, un micro qui se désactive, Cortana qui revient, Edge qui se redéfinit en navigateur par défaut, etc…).
- Un système de plus en plus lent et de plus en plus gros (le système bouffe largement plus de 100go de votre disque dur après de nombreuses MAJ).
- L’utilisation forcée de Bitlocker par le travail pour pouvoir accéder à plusieurs services (j’ai pas eu le choix et c’est bien de la merde).
- Toutes les saloperies que fait l’OS en arrière plan pour récolter des donnée sur ma personne (la télémetrie utilisée presque partout, y compris dans la foutue calculatrice par défaut)!
- Les conditions pour passer à Windows 11 (le bullshit du TPM 2.0).
- Les futures contraintes que Microsoft veut implanter pour utiliser son OS d’ici quelques années (comme par exemple l’obligation d’avoir une webcam sur son PC).
Au boulot, c’est Windows pour tout le monde ou à la limite Mac OS pour les UX et designers. L’implantation de Bitlocker au niveau de toutes les machines de l’entreprise a été la goutte de trop pour moi.
L’été dernier, j’ai décidé de me replonger dans l’univers Linux et voir un peu comment les choses avaient évolué ces 10 dernières années. Et autant être honnête, du changement, il y en a eu !
Installer Linux Mint
Les distributions Linux sont nombreuses. J’ai commencé à me documenter sur les différentes distros existantes (et bien maintenues), sachant que mes critères étaient les suivants :
- Simple à installer.
- Ne contient que l’essentiel au niveau des applications pré-installées.
- Une interface graphique assez légère, simple à prendre en main quand on vient de Windows 10.
- Facilement personnalisable et bonne reconnaissance de mon matos PC (je me suis monté une tour).
- Excellente maintenance et avec une bonne communauté.
J’ai finalement opté pour la distribution Mint qui se base elle-même sur Ubuntu (probablement l’une des distribution les plus populaires au monde).
Avant l’installation, j’ai réinstallé un Windows 10 tout frais sur un SSD séparé, histoire d’avoir mes jeux (et juste au cas où). Puis vient l’installation de Linux Mint en suivant le guide officiel sur un SSD M2. Pour comprendre le système de partition sous Linux, je vous conseille d’ailleurs cet excellent article pour vous mettre à jour sur la compréhension de la chose. J’ai juste choisi de ne pas mettre de SWAP car j’installe l’OS sur un SSD et une machine qui a 32Go de Ram.
Prise en main de Linux Mint
15 minutes plus tard, mon système était installé avec l’interface Cinnamon. Et à partir de là, j’ai pris le temps de réapprendre à utiliser un tout nouvel OS propre, gratuit et libre.
J’ai d’abord pris le temps de parcourir les applications installées, comprendre toute la partie paramètres du système via l’interface graphique. Ensuite, j’ai commencé à réapprendre un peu les différentes lignes de commande utiles et quelques trucs pour optimiser un peu mon installation. En passant, un gros merci à SebSauvage pour son partage sur Linux :
- Checklist d’installation de Linux Mint : date un peu mais il reste beaucoup d’infos utiles. Attention à ne pas tout appliquer à la lettre non plus.
- Le bloc note Linux : plein de commandes utiles pour se remettre dans le bain.
La communauté du forum Linux Mint est également très sympa et fournit de l’aide de grande qualité.
La tâche suivante fut de m’assurer que tous mes périphériques étaient reconnus. Sur ce plan là, Linux fait un sans-faute. Tout est reconnu nativement, à savoir :
- Imprimante
- Webcam Logitech
- Joystick et Hotas Thrustmaster
- Microphone Elgato Wave 3
- Dongle bluetooth avec mon casque audio Sony
- Carte graphique et mes 3 écrans.
Viennent enfin les besoins sur le plan professionnel et personnel.
1/ S’assurer de pouvoir travailler normalement (100% réussi)
Dans les grandes lignes, je fais du SEO, de l’analytics et je gère une équipe. Presque tout ce dont j’ai besoin est en ligne donc un simple navigateur suffit (BOX, Confluence, Outlook en ligne, Trello, Google Search Console, Looker, Data Studio, etc…). J’utilise bien sûr Firefox mais au cas où, j’installe Chromium car il y a des extensions assez pratiques dessus. Pour le reste, j’ai pu recréer mon environnement de travail à l’identique :
- Slack, Zoom et Signal (communication)
- Screaming Frog, Sublime Text, Filezilla, DragonDisk et Joplin (outils, FTP, client S3)
- Spotify (musique lorsque j’ai besoin de me concentrer)
- KeePass (pour les accès) et Libre Office (traitement de texte et tableur).
A la limite, Excel peut parfois me manquer lorsque je veux trier des données avec certaines règles spécifiques mais il y a 2 parades à cela :
- Google Spreadsheet
- VirtualBox avec Excel d’installé (ou n’importe quel autre programme Windows spécifique utile, genre JPEGMini pour lequel j’ai une license achetée il y a des années).
Même pour mes collègues qui utilisent encore PowerPoint (ça arrive ^^), on a accès aux outils Microsoft avec l’email du boulot donc je peux toujours l’ouvrir en ligne sur PowerPoint online.
2/ Ce que je fais en dehors du boulot sur le PC (80% réussi)
Sur la partie perso, je fais pas mal de retouches photo, du montage vidéo, je streame de temps en temps des jeux vidéo, je lis beaucoup, j’édite mes sites et rédige sur mes blogs.
Editer, lire et écrire : aucun souci là-dessus. Tout se fait en ligne. Sinon j’utilise Joplin ou à la limite Libre Office de temps en temps. Pour mes sites, un SublimeText fait le boulot lorsque je veux éditer des fichiers HTML/CSS/JS/PHP.
Streamer/Enregistrer des vidéos : OBS est disponible sous Linux et fonctionne “correctement”. Mon micro et ma webcam étant reconnues, j’avais fait quelques tests et ça passait sans souci. Le seul bémol, c’est la couche logicielle de mon microphone Elgato qui n’existe pas sous Linux (Elgato appartenant à Corsair, il n’y en aura sans doute jamais). Et à chaque MAJ de mon pilote graphique, je devais absolument reconfigurer OBS. Bref, ça marche mais ce n’est pas parfait (-10%)
Jouer aux jeux vidéo : j’ai été agréablement surpris des progrès qu’il y a eu de ce côté là. Steam existe sous Linux et un grand nombre de jeux sont disponibles nativement pour l’OS. En plus de cela, avec l’arrivée du SteamDeck, Steam a développé et peaufiné au fur et à mesure des années le logiciel Proton qui permet de lancer des jeux Windows sous Linux. Et vous savez quoi ? Ca marche pas mal du tout, voire très bien.
Par exemple, Elite Dangerous, The Elder Scroll Online et Subnautica sont parfaitement fonctionnels alors qu’ils existent uniquement sous Windows. Pour avoir une idée de la facilité à lancer certains jeux sous Linux, vous pouvez utiliser le site ProtonDB qui m’a bien aidé. En outre, le launcher GOG est également installable via Lutris ainsi que ceux d’Epic et Blizzard. A date, 1 seul jeu Steam refusait de se lancer et c’était une démo… Quant aux performances graphiques, elles égalent celles sous Windows 10 à peu de chose près.
Retoucher des photos : c’est probablement la plus grande faiblesse du système. Je fais de la photo, j’aime bien cataloguer mes clichés et les éditer facilement. J’utilise Lightroom sous Windows et malheureusement, je n’ai pas réussi à trouver un digne successeur sous Linux. DarkTable et RawTherapee sont loin d’être aussi agréables à utiliser et même en prenant son temps, c’est plus chiant, plus long. A l’occasion je testerai Corel Aftershop Pro mais pour le moment, je continue mon édition de photos et RAW sous Windows (-10%).
Bien sûr, il y a l’option de réinstaller Lightroom via VirtualBox (et c’est ce que j’ai fait) mais l’émulation n’apporte pas tout à fait le même confort que du natif. Cela dit, c’est simple à installer, simple à configurer et ça fait tout le job.
Linux : contrôle, stabilité et rapidité
Cela fait maintenant plus de 6 mois que j’utilise Linux Mint et je me vois mal repartir sur Windows, ne serait-ce que pour bosser. J’ai un système ultra stable, j’ai le sentiment de contrôler ce qui s’y passe et de garder ou dégager ce qui ne m’intéresse pas.
L’OS démarre très rapidement et pour le reste, tout se fait sans aucun accroc. Mes tâches s’effectuent vite et Mint est tout à fait capable d’exploiter les coeurs de mon processeur et toute la RAM qui vient avec la machine (je note la différence pour encoder des vidéos ou utiliser Screaming Frog à grande échelle).
Il y a eu quelques mises à jour du systèmes qui se sont faites de façon transparente. Aucun de mes réglage n’a changé, il n’y a pas de comportement étrange, ni une grosse corporation qui tracke le moindre de mes mouvements sur les applications par défaut du système. Et le système ne grossit pas à chaque MAJ non plus.
Et pour ceux/celles qui se demandent la durée nécessaire pour faire la transition, ça varie bien sûr selon les profils mais en moins de deux semaines, j’avais retrouvé tous mes repères.
Bref, Linux Mint, ça me convient et je vais continuer à l’utiliser. Windows 10 est disponible en dual boot mais lorsque j’aurai trouvé (j’espère) un remplaçant de Lightroom en natif, il ne me servira plus à grand chose. Le fait d’avoir repris le contrôle sur ma machine, de savoir ce qui est installé et d’avoir un système qui utilise bien mon matériel sans faire tourner de services douteux en arrière plan est quelque chose de vraiment agréable au quotidien. Quant aux limitations que j’ai rencontré, j’ai trouvé et mis en place des parades qui restent tout à fait acceptables.
Je suis sûr que je ne suis pas le seul à avoir pensé à sauter le pas de Windows à Linux et si jamais cet article peut encourager la plupart d’entre-vous à sauter le pas, ça sera déjà super.