Nous venons de démarrer l’année 2025 et je trouve enfin le temps d’écrire à propos de l’an passé, sachant que ces derniers temps, j’éprouve à nouveau une envie forte d’écrire sur différents sujets.
L’année 2024 a été très intense en ce qui me concerne et pour faire encore plus simple, stressante et éprouvante à plusieurs égards. Si j’ai pu remonter la pente depuis le mois de septembre, je pense qu’écrire est également une façon de poser à plat tout ce qui s’est passé, prendre de la hauteur, saigner et poser le tout à plat.
“There is nothing to writing. All you do is sit down at a typewriter and bleed.”
Ernest Hemingway
(En passant, j’adore lire les articles d’autres blogueurs/euses qui font un résumé de leur année, je trouve toujours cette approche très humaine et inspirante. Si vous me lisez et que vous écrivez ce genre de posts, partagez-le moi, je vous lirai avec plaisir !)
Licenciement
Le 4 janvier 2024, je rentre de quelques jours de vacances d’Espagne. Arrive le point hebdomadaire avec ma manager (pour une fois, elle ne l’avait pas annulé). Et là, je vois le président de l’agence également présent sur l’appel et m’annonce que j’ai perdu mon emploi.
Sans entrer dans les détails, ça se passait très bien avec les clients mais ma manager ne savait pas prendre ses responsabilités.
Perte de visa
J’étais sur un visa H1B que j’avais réussi à transférer de ma précédente entreprise (Vistaprint) vers celle-ci. Problème : lorsque vous perdez votre emploi, vous avez 60 jours pour retrouver un job ou quitter le pays. Autant dire que le gouvernement américain ne fait pas de cadeau ! En parlant avec l’avocate, elle m’a dit que jusqu’en 2016, tu avais 14 jours et non 60 et donc que c’est mieux maintenant… Gloups !
Le mois de mars est vite arrivé (le temps passe vite lorsqu’on cherche du travail de façon très active) et la solution fut de basculer sur un visa de dépendant (lié au visa de ma femme), ce qui me donne le droit de rester, mais pas de travailler. Pas idéal, mais ça évite de se retrouver dans une situation illégale et je peux poursuivre mes recherches.
Montée du stress
Les premiers 4-5 mois ont été particulièrement stressants sur le plan mental. Partant du principe que je souhaite toujours subvenir aux besoins de ma famille, me retrouver sans emploi avec une contrainte de visa a été très fatiguant et super anxiogène. Le combo marché de l’emploi en berne + visa me donnait l’impression de vivre en prison car je ne pouvais même pas prendre un job alimentaire le temps de trouver quelque chose (et faire des contrats à distance en étant payé sur mon compte bancaire canadien était également légalement compliqué vu ma situation).
Problèmes du logement
A peine sorti de ce problème de santé et toujours dans la recherche d’emploi, voilà que des petites coquilles nous tombent sur la figure par rapport à notre logement (d’une importance moindre comparé à ce que j’évoque précedemment).
Il y a d’abord eu un problème d’infestation de souris dans l’immeuble car des techniciens n’avaient pas rebouché un trou dans le sous-sol du bâtiment (quand il fait encore froid, tous les mulots se réfugient à l’intérieur). Outre le bruit de ces rongueurs la nuit dans l’appartement, je m’inquiétais surtout pour la santé de mon fils qui touchait à tout (une souris n’est pas un rat certes, mais ce n’est pas non plus super propre).
A la suite de ce problème de rongeur, voilà que la canalisation de la cuisine explose. Impossible d’utiliser la cuisine, le propriétaire nous trouve un réparateur mais le type ne se pointe jamais. Les gens peu fiables, je déteste ça car je viens d’une famille où on donne le meilleur de soi au travail.
J’ai fini par dire au propriétaire qu’il n’allait pas avoir son loyer si ça ne se réglait pas rapidement (tellement de temps perdu au téléphone et avec le soi-disant technicien qui te sort “je pars acheter une pièce, je reviens dans 1h”… Et 6h plus tard, il n’y a toujours personne). Je voulais mettre fin à ce manège le plus vite possible.
Déménagement forcé
Nous sommes au début de l’été. Toujours pas d’emploi en vue de mon côté et les versements du chômage s’arrêtent bientôt. Le propriétaire de notre logement nous annonce qu’il veut mettre son bien à vendre… Et qu’il va falloir du coup quitter l’appartement début septembre *sigh*.
Malgré plusieurs échanges, nous n’avions pas réussi à nous mettre d’accord sur la date de départ. La bonne nouvelle est qu’au Massachusetts, faire appel à un tribunal prend 4 à 6 mois d’attente avec beaucoup d’argent à payer (côté propriétaire) donc de notre côté, nous lui avions annoncé notre départ pour le 1er octobre 2024, que ça lui plaise ou non (sachant que nous étions de bons locataires, payant à temps chaque mois et prenant soin de l’appartement).
Au final, nous avons pu partir avant mais ça ajoutait une petite couche de stress à tout le reste.
Recherche d’emploi
Pour la deuxième fois en 2 ans, j’ai dû me remettre à la recherche d’un emploi sur le sol américain (la première fois est liée au licenciement économique de ma précédente entreprise, avec qui j’ai pu négocier une séparation en très bon terme). En termes de méthodologie, j’ai donc recommencé à réappliquer la même approche que j’explique dans un précédent post.
Cependant, non-seulement la situation du marché de l’emploi aux US était toujours foireuse, mais en plus j’ai rapidement perdu mon visa de travail… Ce qui veut dire trouver un employeur qui accepterait de me faire un nouveau visa TN (car j’ai la nationalité canadienne). Bonne nouvelle : c’est le visa le plus facile à faire, rapide (2 semaines max), pas de quota et ça coûte genre $2000 d’avocat à tout casser.
Malgré tout, cette seconde recherche d’emploi a été un véritable enfer pour moi. Moins d’offres (donc davantage de compétitions au niveau des candidats) et des recruteurs/euses qui sont en PLS car dépassé par la demande de candidat(e)s.
J’ai également eu le droit à quelques situations outrageantes (genre le recruteur qui tente de te faire bosser gratuitement ou encore la personne en face qui te dit après 3 entretiens qu’ils ne font pas de sponsoring de visa alors que tu l’avais spécifiquement indiqué dès l’application). J’ai même eu une recruteuse qui m’a dit mot pour mot “nous n’embauchons que des citoyens américains”… Bref, c’était pas mal la merde et au bout d’un moment, ça commençait à avoir un impact sur mon moral.
Cela étant dit, je retire de cette douloureuse année quelques points forts et succès qui m’ont permis de garder la tête haute et remonter la pente :
Création de liens forts avec mon fils
De la mi-janvier à fin juin, je passais plusieurs heures par jour à chercher un emploi. Mais cela me laissait du temps pour m’occuper davantage de mon fils et même si ça a été dur, je suis vraiment ravi d’avoir pu prendre davantage de temps avec lui. Ca m’a permis de lui faire découvrir plein de nouvelles choses, parler davantage avec lui et partager de nouvelles activités.
Loin de moi l’idée d’être un papa parfait, mais au moins d’avoir ce bonus de présence supplémentaire et l’utiliser du mieux possible est quelque chose qui, je pense, a solidifié ma relation avec lui. La bonne nouvelle est qu’il adore se promener donc les expéditions en forêt et dans les parcs étaient légion.
Plus de temps passé avec ma femme
Sans surprise, le fait d’être sans emploi m’a permis de passer plus de temps qualitatif avec ma femme, voire de la supporter dans son travail quand c’était nécessaire. Nous avons également pu nous dégager du temps pour avoir certaines conversations à propos du petit et d’autres sujets pour lesquels le temps nous manquait (on sait tous que démarrer des discussions sérieuses après 20H en semaine quand les enfants sont couchés n’est pas ce qu’il y a de plus efficace :p).
Formation et chômage
J’ai profité de mon chômage pour me former un peu. Avec l’intégration de l’IA partout, y compris dans mon domaine d’activité, cette formation en ligne s’est avéré fort pratique. Bien sûr, en parallèle, j’en profitais pour faire ma veille de façon un peu plus approfondie (je précise que cela fait des années que j’utilise Inoreader que je paye à prix d’ami car je faisais partie des premiers à l’utiliser).
Concernant le chômage, le Massachusetts propose -je crois- le meilleur chômage du pays. Concrètement, j’ai touché la moitié de mon salaire pendant 6 mois. Pour quelqu’un vivant en France, ça peut sembler peu, mais pour l’Amérique du Nord, je vous assure que c’est vraiment beaucoup et j’ai été agréablement surpris (je m’attendais à recevoir genre 500$ pendant 3 mois mais non).
Lancement d’un podcast
Cela faisait des mois que j’avais envie de lancer un podcast, idéalement sur un sujet en rapport avec mes 20 ans d’expérience dans le Search Engine Marketing (et plus précisément le SEO). J’écoute plusieurs podcasts, j’aime le format et j’ai pas mal d’histoires à raconter. J’avais envie de partager mon expérience sur le sujet mais aussi de parler de recherche en ligne sous différents angles.
Après avoir bien cerné l’angle et le type de discussions, je voulais m’assurer de ne pas lancer ça seul et trouver un(e) partenaire pour tenter l’aventure ensemble. Au final, seuls 7 épisodes ont été enregistré et publié. Les raisons sont simples : ma partenaire s’est rendue compte que c’était trop demandant en temps (à noter que l’on arrivait bien à se compléter l’un l’autre sur les différents sujets et rebondissements). De mon côté, faire ça seul est devenu moins fun. J’ai fini par me rendre compte que ça ne m’amusait plus vraiment.
Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup appris sur le lancement et la gestion d’un podcast. J’ai pu apprendre à utiliser quelques outils, préparer un enregistrement, faire le montage et organiser la mise en ligne des épisodes sur les différentes platformes (Spotify, Apple et Google).
J’aimerais définitivement pouvoir refaire un podcast, mais je ne sais pas encore sur quel sujet (j’ai des choses à raconter sur différentes choses assez spécifiques). Cette expérience m’aura au moins appris certaines choses à faire et ne (plus) faire lors de la création d’un podcast.
Soutien des autres
Durant cette période très dure, j’ai eu la chance d’avoir énormément de soutien de la part de ma famille, mes amis (même ceux situés à 5000km) mais aussi mes anciens collègues de chez Vistaprint. Je les remercie à nouveau ici via leur messages réguliers de prise de nouvelle qui m’ont aidé à garder plus ou moins le moral, sans oublier aussi toutes les mises en contact que j’ai eu, ainsi que du réconfort professionnel avec beaucoup de recommandations.
Obtention d’un nouveau travail (et visa)
En 6 mois, j’ai appliqué à près de 390 offres d’emploi. Oui, vous avez bien lu 390 ! Pour une bonne partie d’entre elles, c’était via de la mise en contact. Pour d’autres, j’appliquais à l’aveugle et enfin pour certaines, il s’agissait de candidatures spontanées. Tout cela prend beaucoup de temps.
Je suis allé au bout du processus de plusieurs offres mais un bon 60-70% des retours négatifs étaient dû au fait qu’il me fallait un visa. Même s’il s’agissait d’un TN, entendre le mot visa semblait faire froid dans le dos des recruteur/ses.
C’est alors qu’un contact d’un groupe Slack professionnel sur lequel je participe souvent ping une connaissance à lui qui travaille en agence. A partir de là, je fais un premier call informel avec mon futur boss. Chouette discussion, on apprécie notre approche mutuelle de l’expertise. 3 jours après, appel avec les RH. Au bout de 45 minutes, elles me disent que “je coche toutes les cases”. 2 semaines plus tard, cas pratique pour montrer que je sais faire le taf. Je dois faire l’audit d’un de leur client et présenter mon analyse en 5 slides. La structure demandée est précise, pratique et ça me permet de me focaliser sur le travail.
Je présente le tout à mon boss et au VP of Search et les retours sont très positifs. Quelques semaines plus tard, je signe (chez Primelis) ! A noter qu’il s’agissait du job de la dernière chance car si ça ne se faisait pas, nous étions prêts à retourner à Montréal afin que je puisse trouver un travail sans contrainte.
Organisation du déménagement
Le contrat signé nous a donc permis de déménager dans les alentours et appliqué pour une nouvelle location. Logement mieux structuré, mieux situé, je trouve une companie de déménagement qui fait du bon taf pour pas trop cher.
Le déménagement s’est déroulé sans accroc et rapidement.
Recherche d’école maternelle à Boston
Mon fils ayant atteint l’âge d’aller à l’école maternelle, pas question de passer à côté de ça. Je sentais déjà qu’il avait besoin d’être stimulé et qu’il se faisait chier à la garderie.
Par chance, on a réussi à trouver une superbe école pour laquelle on a vite connecté avec la mentalité de la directrice côté éducation et sensibilisation des enfants. Du coup, pour ma femme et moi, ce fut un grand soulagement. En plus de ça, l’école est située à 6 minutes en voiture (aux US, c’est une distance ridicule).
Et cerise sur le gateau, depuis le 1er jour, il adore y aller.
Depuis la fin du mois de septembre 2024, les choses sont rentrés dans l’ordre, mais ce fut une année sincèrement éprouvante pour moi. Bien hâte de pouvoir changer la donne pour 2025 !